"Faire le tour" /w Jun Kasai & Jimmy Havoc (Elim. Chamber : Jack Sweeney & Matanza - 2/2)

Rendus au vieux gymnase, No Future cherchent des yeux des éléments avec lesquels s'amuser. Sur une fenêtre au loin, Jimmy Havoc remarque un vieux ballon de basket dégonflé. Il le lance nonchalamment vers Sabu.

Jimmy Havoc: Est-ce qu'il ne te fait pas penser à notre champion d'Europe, ce ballon? Petit, dégonflé et particulièrement inintéressant. Jack Sweeney est le gâteau des anges de la WWWF: sans saveur, sans éclat et tout le monde l'aime, par pitié. Ce jeune est l'exemple même de la pureté.Un angélus descendu du ciel pour nous expier de nos péchés. Voilà ce qu'il est: une petite grenouille de bénitier, ni plus ni moins. Il est dommage qu'une si fragile chose se retrouve dans un match aussi violent. Il est aussi dommage qu'à No Future, nous n'ayons ni dieu ni maître. Il va voir que sa propension à respecter les règles ne lui servira pas à grand chose. Cela le nuira grandement même. Peut-être comprendra-t-il après cela que de jouer fairplay, c'est accepter de se faire crosser par le système. Nous briserons tout ce qu'il y a de beau en lui, chaque petite parcelle d'espoir et de positivité, nous le réduirons à néant.

Sabu : Tu es sévère envers Jack, Jimmy. N’avions-nous pas cette fougue, à une époque ?

Jimmy Havoc : (d’un ton dégouté) Bien sûr que non !

Sabu : Mmm. Tu as raison. Déjà le poids de la vie nous accablait, certes, et c’est ce genre de jeune homme que j’enviais. Je suis sérieux, Jimmy : j’enviais et je dois avouer que j’envie encore ce genre d’individu. Serein, convaincu de sa vertu. Au fond, Jack Sweeney voit la vie en noir et blanc. Aucune zone grise : le bien ou le mal. Tous ses déboires seront justifiés, coute que voute, par la présence du « mal », d’un écart de conduite dû à de la corruption extérieure. J’ignore si Jack est au courant qu’il y a du gris, dans la vie, hein ? Que cette dichotomie qu’il idolâtre n’est qu’une  belle illusion d’optique afin de justifier ce qu’il est : un être complexe, bourré de défaut et surtout insouciant. Dès qu’il ouvre la bouche, je cinéaste que cette envie est éphémère puisque le petit Jack pèse sur « play » et laisse toujours jouer sa casette de réplique fade sur la vieillesse. Disons que cette fois-ci, il a décidé d’attaquer l’industrie corrompue et je suis content que le message de No Future fasse son petit bout de chemin. Bon, c’st de notre faute si elle corrompue, l’industrie, mais c’est un début, non ?

Jun Kasai : Ben, oui, mais tu justifies chacune de ses interventions par « y’est jeune ! ». T’sais, Sabu, tu peux être jeune ET idiot ?

Sabu : En effet. Tu as raison : je crois que Jack stagne. Il fait du sur place. Il ne sait plus ou mettre de la tête puisque sa tête va bientôt déborder et personne ne va être là pour ramasser la pagaille, derrière lui. Tous ses gens qui l’entoure, qui lui pourrit l’esprit en caressant son ego le laisserons se noyer dans son propre échec. C’est ce qui l’attend s’il ne prend pas sa vie, sa carrière en main. En attendant, Il patauge dans les eaux profondes, pour emprunter une expression de Thomas ! Sait-il nager, ce pauvre Jack ? On l’apprendra bien assez vite. En attendant, on ne peut que le regarder. Le regarder tomber et se relever jusqu’au moment ou tomber ne sera que sa dernière option envisageable. Ensuite, ensuite, on pourra le cueillir puisqu’il sera mûr. La vie lui lancera ce message : il n’y aucune valeur à se relever quand on se relève pour quelque chose d’inaccessible. Relève-toi et défie donc ton existence parce qu’au fond : everybody dies.

Jun Kasai enlève le ballon des mains de Sabu et le botte le plus fort qu’il peut avec son pied fraîchement guéris.Sabu feint la colère et commence à le poursuivre dans le gymnase pendant que Havoc les regardent.

Jimmy Havoc : (en criant) PREND GARDE AU MONSTRE.

Sabu s’arrête sec et dévisage Jimmy : Havoc sait comment attirer l’attention de Sabu. Il se met à rire de bon coeur en compagnie de Kasai, qui reprend son souffle. Sabu s’avance, les mains sur les hanches,reprenant son souffle.

Jimmy Havoc: Tu m'as entendu. Fais attention au croque-mitaine, au bonhomme sept heure, au YET-TAI! Appelle-le comme tu veux. Cet épouvantail vieux comme le monde, ce monstre tout droit sorti d'un slashermovie des années 80. Matanza est le Jason Voorhees de la WWWF. Nous ne pouvons décemment le prendre à la légère. Nous aimons les risques, mais pas à ce point. Tout comme le MONSTRE au masque de hockey, le frère de Dario est con comme une mule. C'est Dario qui tire les ficelles dans ce duo, c'est lui la tête pensante. Enlève Dario et Matanza n'est rien. Son frère doit constamment lui rappeler d'attaquer, il est incapable de penser par lui-même. Nous devrions mettre Dario hors d'état de nuire avant le match pour déstabiliser son poulain. Matanza sera ainsi sans repère durant le combat s'il n'a pas son maître près de lui. De la même façon que nous l'avons désarçonné pour le vaincre et reprendre notre "dû".

Sabu : Une autre rencontre avec les frères Cueto me semblait évitable, mais bon, les bonzes en ont décidé autrement. Une histoire riche nous unit, certes, mais celle-ci devient redondante, non ? Je comprends que Dario soit blasé. J’aurai la même attitude sir je ne l’avais toujours été dans mes interactions avec le Cartel. Désolé d’enfoncer le couteau, Dario : je crois que ton projet est tombé à l’eau le jour où tu as compris que le contrôle ne te sied pas bien. Outre ton frère, Matanza, que tu tiens en laisse, que tu te plais à déshumaniser, chaque tentative de contrôle de ta part fut un échec retentissant. Tant d’alliance dénuée de sens afin que le grand Dario se retrouve au sommet d’une hiérarchie illusoire. Te voilà, seul, une fois de plus, puisque des aspects si simples du pouvoir semblent t’échapper. Le stratège que tu te plais à personnifier n’est qu’un autre minable en quête de validation. Posséder l’autre n’est pas gage de succès, Dario et ça me désole que tu t’enfonces encore dans cette voie, dans l’espoir que le résultat change.

Jimmy Havoc : Pathétique.

Sabu : En effet : c’est l’heure d’abandonner. Des cas perdus. Un cas perdu en fait puisque l’autre ne pense pas par lui-même, convaincu de son statut de monstre imposé par son frère. C’est triste, mais très révélateur. On voit un modèle, une façon de faire déviante chez les Cueto qui nous empêche d’être empathiques à la situation de Dario. Mais au fond, je m’époumone pour rien puisque le tout m’importe peu. Je n’ai aucun intérêt pour vous, ni votre dynamique.  Votre « cosplaying » du mois dernier a jeté une douche froide sur votre crédibilité. Vous êtes une parodie, messieurs et vous le resterez.

Les deux hommes se regardent.

Jimmy Havoc : Et nous dans tout ça ?

Sabu : En effet : et nous ?

Kasai surgit entre les deux hommes, sourire fendue jusqu’au oreille.

Jun Kasai : QUE LE MEILLEUR GAGNE ?

Les trois hommes quitte le gymnase, en ricanant. Avant de quitter, Jun Kasai crie fort afin de faire résonner l’écho de la pièce.

Jun Kasai : FUCK SUICIDE !

Fade out.