[Le maître du vent] Okada Part I - KOTR

1er mai 2020, 1158 - Los Angeles, Californie

Abraham Kennedy était à bord d’un petit kart de golf que l’on retrouve régulièrement aux alentours des studios de tournage. Accompagné d’un agent de sécurité, il avait rendez-vous avec Christopher Nolan, le réalisateur émérite de la dernière trilogie de Batman, dans les studios de Warner Bros pour parler d’une future collaboration. Une rencontre au sommet entre le meilleur acteur du moment et le plus grand réalisateur de son époque.

Dick Morgan :J’vous le dit… Sabu est un peureux. Il savait qu’il allait perdre et il a préféré ne pas vous affronter.

[The Duke] Abraham Kennedy :Non Dick… Sabu est tout sauf un peureux. Soit il voulait gâcher la fête entourant mon 100e combat, soit il est trop mal en point pour se battre et il a voulu passer un « message ». De toute façon, on sait tous comment ce combat ce serait terminé. Dans tous les cas, ça fait quand même de lui un lâche.

Le kart s’arrête devant un hangar.

Dick Morgan :Studio 7, c’est ici! Ce fût un plaisir Mr. Kennedy.

Abraham prend le temps de serrer la main de l’agent de sécurité, descend du kart et ouvre la porte du studio. À l’intérieur du bâtiment, il y a une lumière rouge et jaune tamisée qui y émane. Kennedy s’avance et voit la reproduction d’un jardin japonais. Au centre de celui-ci, une petite maison asiatique ayant pour mur des paravents japonais. The Duke fait quelques pas supplémentaires et voit qu’un homme asiatique est assis au milieu de la maison, en position de méditation et vêtu d’un vêtement traditionnel japonais.

[The Duke] Abraham Kennedy :Pardon...

L’homme se retourne et fait face à Abraham. C’est alors que le combattant reconnaît l’un de ces amis de l’industrie, Ken Watanabe. Célèbre pour son rôle dans The Las Samurai, Ken se lève et va serrer la main d’Abraham.

[The Duke] Abraham Kennedy :Oh! Ken. Je ne t’avais pas reconnu de dos. Comment vas-tu?

Ken Watanabe :Abraham! Un plaisir de te revoir. Ça va très bien mon ami, et toi?

[The Duke] Abraham Kennedy :Super! Écoute, j’ai rendez-vous avec Christopher ce midi, sais-tu où je peux le trouver?

Ken Watanabe :On est en pause pour le lunch présentement. Il ne doit pas être très loin. Je faisais un peu de méditation avant de retourner faire quelques scènes. Je trouve que le décor s’y portait bien!

Abraham regarde l’ensemble du décor.

[The Duke] Abraham Kennedy :Effectivement, c’est très zen.

Ken Watanabe :J’ai vu que tu te battais contre un de mes compatriotes la semaine prochaine?

[The Duke] Abraham Kennedy :Okada? Ouais.

Ken Watanabe :Je le connais un peu, de réputation. Ce gars, c’est n’est que du vent. Il se crée une image de toute pièce. Il n’est pas qui il dit être.

[The Duke] Abraham Kennedy :Si l’un des acteurs les plus réputés du Japon le dit, c’est ce que ça doit être vrai. Qu’est-ce que vous tournez?

Ken Watanabe :Hum… C’est un secret… Ah, je peux bien te le dire, mais laisse ça mort. On tourne Inception 2.

[The Duke] Abraham Kennedy :Quoi? C’est possible de faire une suite au film original?

Ken Watanabe :Nolan a trouvé la façon de la faire. Toute l’équipe retourne chercher le personnage de Leonardo DiCaprio, qui, finalement, était pris dans un rêve à la fin du film. Le scénario est génial.

[The Duke] Abraham Kennedy :J’ai hâte de voir ça!

Ken Watanabe :Si tu veux, je peux aller chercher Christopher et te l’amener ici?

[The Duke] Abraham Kennedy :Oui, ce serait très aimable!

Ken Watanabe quitte le décor enchanteur du Japon, laissant Abraham seul sur le plateau de tournage. Après quelques instants, Kennedy entend  du bruit dans un coin du studio. Il se retourne et voit un homme, armé d’un appareil photo, en train de le prendre pour cible. Voyant que l’acteur américain l’avait aperçu, il prend la fuite. Abraham se rue vers le photographe et parvient à l’intercepter avant qu’il ne se transforme en coup de vent. Il l’agrippe par le collet et le retourne vers lui.

[The Duke] Abraham Kennedy :Qui es-tu? Qu’est-ce que tu fais ici? Je sais que tu n’es pas un paparazzi.

L’intrus reste silencieux face aux questions de l’afro-américain. Kennedy le soulève de terre et le lance à travers le décor du film. Le photographe s’échoue dans les paravents japonais, brisant tout sur son passage.

[The Duke] Abraham Kennedy :Qui t’envoie? Triple H? Vince McMahon? Grishenko? Steve Buscemi? QUI? Tu ferais mieux de me répondre si tu ne veux pas finir à nouveau dans un mur.

Okada's Spy :Steve Buscemi?

[The Duke] Abraham Kennedy :Longue histoire… Parle.

Okada's Spy :C… C’est Okada qui m’envoie…

[The Duke] Abraham Kennedy :Okada? Vraiment? Je ne le croyais pas comme ça. Tu peux lui dire que s’il veut des infos sur moi, il n’a qu’à venir me voir en personne. Si je te revoie dans les parages, je te brise la nuque. Fous le camp avant que je ne change d’idée.

L’étranger se lève en pleine vitesse et court vers la sortie du studio, ne regardant jamais derrière lui.

[The Duke] Abraham Kennedy :Je te suivais du coin de l’oeil la semaine dernière, Okada. Oh… Pas toi particulièrement. The Fiend et toi. Après tout, il y avait une chance sur deux que tu sois mon prochain adversaire à King of the Ring. Puisque je ne laisse rien au hasard, je voulais avoir un aperçu de mes adversaires possibles. J’en parlais à Puke lors du dernier Road Rage et je lui disais que tu avais un certain potentiel. Puis, tu as ouvert la bouche… Et tu as tout gâché. Littéralement. J’ignorais qu’un être humain pouvait dire autant de connerie insipide en si peu de temps. Le maître de la confusion et des contradictions. Le maître du vent.

[The Duke] Abraham Kennedy :Pour ajouter l’insulte à l’injure, tu envoies un petit minable pour m’espionner chez moi. Sais-tu à qui tu t’attaques? Alors que tu ne représentais absolument rien pour moi, tu viens de te faire un dangereux ennemi. Crois-moi, tu aurais préféré rester dans l’anonymat. Tu veux en apprendre un peu plus sur moi? À quel point as-tu peur de moi pour envoyer un espion à mes trousses? Ton insécurité face à notre affrontement transpire de l’autre côté du Pacifique. Tu es pathétique. Tu veux mieux me connaître et pourtant, tu sembles en savoir beaucoup à mon sujet. Pardon… Tu sembles en inventer beaucoup à mon sujet. Je n’ai jamais vu quelqu’un dire autant de connerie sur une personne tout en étant aussi mal renseigné. Tu aurais dû attendre que ton gars revienne te briefer avant de t’adresser à moi. Lorsqu’on ne sait pas de quoi on parle, on ferme sa gueule. Tu te trompes sur mon âge, tu ne connais rien sur mon historique, mon passé et d’où je viens. Tu ne sais pas ce que j’ai accompli dans la vie, pourquoi et comment je l’ai accompli. Google it. C’est simple, efficace et ça t’évitera d’avoir l’air d’un idiot la prochaine fois.

[The Duke] Abraham Kennedy :Explique moi pourquoi je me serais déjà demandé d’où vient ton nom? WHO. THE. HELL. ARE. YOU? You’re nothing. You’re nobody. Je n’avais aucune idée de qui tu étais avant que tu fasses tes débuts à la WWWF. Et j’aurai rapidement oublié qui tu étais lorsque tu auras quitté cette fédération dans quelques semaines, amer de réaliser que tu n’es pas aussi bon que tu le croyais. Je ne te connais pas et je ne veux pas te connaître. Je me balance que tu sois une grande vedette de lutte d’où tu viens. Je me balance de tes accomplissements dans la fédération obscure où tu pratiquais TON sport. Ici, c’est la WWWF. La plus grande fédération de lutte au monde entier. Tant et aussi longtemps que tu n’as pas combattu dans ce ring, tu n’as rien accompli. Tout ce que tu as pu faire avant, ça ne compte pas, ça n’existe plus. On recommence à zéro. Prends deux petites secondes. Juste deux secondes. Et regarde mon palmarès, regarde les titres et les victoires que j’ai acquise à la sueur de mon front. Ça, c’est du concret. Que tu aies été le meilleur lutteur du Japon, c’est l’équivalent d’un joueur de hockey qui se vante d’être le champion compteur de sa ligue de garage. Ça n’impressionne personne.

[The Duke] Abraham Kennedy :Tu crois que tu  vas m’apprendre ce que c’est la lutte, les combats âprement disputés et les guerres sur le ring. Tu crois que je vais être déboussolé d’affronter le « grand » Okada? Que je vais en perdre mes repères? Que toi, du haut de tes deux ou trois combats d’expérience à la WWWF, tu seras le plus grand défi de ma carrière? Je sais qui représente un vrai défi et tu n’en fais pas parti. J’ai ébranlé les colonnes du temple de la WWWF. Vince McMahon est en train de réorganiser tous ces plans pour moi et à cause de moi. Tu clames haut et fort à qui veut bien l’entendre qu’aucun combattant ne t’as jamais surpassé… Chez toi. Je croyais que les Japonais étaient humble de nature. Que c’était dans la tradition.

[The Duke] Abraham Kennedy :Tu sembles porter beaucoup d’importance à la tradition de ton pays. Pourtant, tu as oublié un précepte important de tes traditions qui te sont si chères; le respect. Sous toutes ces formes. Tu ne m’impressionnes pas beaucoup en matière de respect. Tu te crois respectueux et respecté? À quel point es-tu déconnecté?

[The Duke] Abraham Kennedy :D’abord, le respect de l’expérience. Tu me le souligneras si je me trompe, mais la jeunesse japonaise respecte beaucoup les citoyens plus âgés parce qu’ils ont plus de vécu, de connaissance et d’expérience. Il existe une journée fériée en l’honneur des aînés dans ton pays. On donne beaucoup d’importance aux gens plus expérimentés parce qu’ils permettent à la jeunesse d’apprendre des erreurs du passé. Tu ne respectes pas cette expérience que j’ai acquise avec le temps. Tu t’adresses à moi comme si j’étais un vulgaire lutteur de sous-carte. J’ai beaucoup de vécu dans cette industrie. Seul un idiot comme toi ne verrait pas le défi que je représente et foncerait tête première dans le combat croyant que je suis une cible facile. Il faut être complètement désillusionné pour penser que tu pourras me vaincre facilement. J’ai vu neigé Okada. J’ai affronté de jeunes recrues comme toi qui pensaient se faire un nom en battant une légende comme moi par douzaine. Et tu sais quoi? Ils ce sont tous cassés les dents, impuissant lorsque l’arbitre terminait le compte de trois... Cause… I’m Mr. USA, The American Superstar, The Legend, The Icon, Hollywood… The Duke, Abraham « Fucking » Kennedy!!

[The Duke] Abraham Kennedy :Ensuite, le respect des mots. Les mots, les paroles, c’est ce qui nous définit comme individu. C’est un manque flagrant de respect envers tes adversaires de ne pas utiliser tes propres mots lors des promotions. C’est l’équivalent de ne pas accorder d’importance à la personne que tu affrontes, comme si elle ne valait la peine de faire un effort de réflexion. Tu me demandes de choisir attentivement mes mots alors que tu ne le fais pas toi-même. Tout le monde est capable de s’inspirer des autres. Regarde.

Abraham sort son cellulaire et tape quelque chose.

[The Duke] Abraham Kennedy :« Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps. » Abraham Lincoln. Inspirant, n’est-ce pas? Et à point avec la situation actuelle. Mais je n’aime pas ça. Je préfère être original. Penser mes propres mots et construire mes propres phrases.

Abraham sort un crayon et un petit bout de papier de ses poches. Il griffonne quelques mots à la hâte et remet le papier dans sa poche.

[The Duke] Abraham Kennedy :Dans le respect de tes traditions, j’ai écrit un petit haïku personnalisé, juste pour toi. Je te le montrerai peut-être un jour. Ne vient plus me parler de respect parce que tu n’en as pas et je n’en ai pas pour toi.

Abraham se dirige vers le décor saccagé et tente de replacer certaines choses encore intact.

[The Duke] Abraham Kennedy :Okada, tu as autant de chance de gagner contre moi que Leonardo Dicaprio a de chances de remporter un Oscar… C’est-à-dire une fois au 20 ans… Parce que les gens ont pitié de lui et qu’ils sont épuisé de le voir perdre à toutes les fois. Il ne me reste qu’une chose à te dire : on se revoit dans 20 ans.

Christopher Nolan :Bordel… Qu’est-ce qui s’est passé ici?

Christopher Nolan venait d’arriver sur le plateau de tournage en compagnie de Ken Wanatabe. Les deux hommes étaient sous le choc.

[The Duke] Abraham Kennedy :Salut Chris… Je suis vraiment désolé pour le décor. Je me suis fait attaqué par une paparazzi.

Christopher Nolan :Un paparazzi dans mon studio? Est-ce que ça va? Tu n’es pas blessé?

[The Duke] Abraham Kennedy :Non, non. Je n’ai pas pu le retenir, il s’est échappé par cette porte.

Christopher Nolan :J’appelle la sécurité. Attends-moi à l’extérieur.

[The Duke] Abraham Kennedy :Pas de problème.

Abraham se dirige vers la sortie du studio. Avant de quitter les lieux, il lance au sol le petit papier où il avait écrit son haîku. Sur la feuille chiffonnée, on peut y lire les mots suivants :