*Nous sommes dans l’appartement où est tourné l’émission « La tour ». Gildor Roy relit nerveusement ses notes avant l’arrivée de ses premiers invités, tandis que l’équipe technique s’occupe des derniers préparatifs. Lorsque ceci est fait, on cogne à la porte. La coïncidence fait sursauter tout le monde. L’animateur se lève, pendant que les caméras comment à rouler.*
Gildor : Ça doit être mes premiers invités. Je vais vous avouer que je suis pas mal nerveux à l’idée de les recevoir. Ils ont tendance à être assez imprévisibles.
*Gildor regarde par le judas de la porte, puis ouvre grand la porte. Entrant par celle-ci, Jimmy Havoc et Sabu. L’air plutôt décontracté, les anciens champions par équipe de la WWWF serrent la main de l’animateur. Gildor leur présente le sofa où ils s’assoiront. Havoc et Sabu s’évachent sur le divan.*
Gildor : Salut les gars, bienvenue dans l’appartement. Comment ça va?
Sabu : Avant de répondre à ta première question, on aimerait savoir si on peut s’allumer un petit joint?
*Gildor écarquille les yeux, pris un peut de court.*
Gildor : Euh…oui oui! C’est légal après tout les boys.
*Havoc sort le joint et le briquet, puis l’allume. Il en prend une petite bouffée puis le passe à Sabu, qui en prend une plus longue. Sabu fait signe à Gildor s’il en veut. Poliment, le maître des lieux fait signe que non. Haussements d’épaules des deux membres de No Future.*
Gildor : Ma première question, les gars, c’est qu’est-ce que ça vous fait de revenir à la WWWF après une longue absence?
Havoc : Ça me fait un plus gros compte en banque, ça c’est sûr. Je ne suis pas revenu par passion, mais pour saigner Shane, pour lui faire cracher le cash. J’ai exigé d’être la « légende » la mieux payée sur le show et je l’ai eu. Le boss n’est pas un con….enfin, pas un con 24 heures par jour. Il lui arrive d’avoir des éclairs de génie. Il avait besoin d’une équipe forte pour redorer le blason de la division par équipe moribonde qu’il a en ce moment.
Sabu : Exact, et qui d’autres que No Future? Une équipe qui résonne tellement, qu’elle a été copiée 2 fois ailleurs. Notre message est trop bon pour le laisser mourir comme ça, bêtement. Soit ça, soit nous sommes l’équipe bouche-trou parfaite. Nous voulons surtout faire un dernier coup d’argent, et pourquoi pas, un dernier coup d’éclat avant de disparaitre pour de bon? N’est-ce pas cela, que de joindre l’utile à l’agréable?
Gildor : Je suppose que oui, dans un sens. Vous avez été loin de la WWWF pendant longtemps, est-ce que cela vous a manqué.
*Sabu prend une longue bouffée du joint puis le passe à Jimmy Havoc, qui en tire un coup lui aussi. Les deux se regardent, tout en se retenant de rire. Sabu prend un petit ton sarcastique.*
Sabu : Ah oui oui! On s’est énormément ennuyé des rings durant tout ce temps. Depuis le jour 1 qu’on rêvait de revenir. LA WWWF, c’est notre famille, on y a passé les plus beaux moments de notre vie.
*Les deux sont écrasés de rire, pendant plusieurs secondes. Havoc réussit à se contenir et à donner une réponse plus élaborée.*
Havoc : Ce qu’il veut dire, c’est qu’on n’en a carrément rien à cirer de la WWWF, des fans, ou de la lutte en général. Le jour où je me suis fait crisser dehors, je n’ai même pas regardé en arrière, pas même une petite larme de nostalgie. Je n’ai plus pensé à la WWWF, avant que Shane ne vienne me faire une offre beaucoup trop belle pour être refusée. C’était tellement ridicule, un montant aussi absurde pour avoir les services d’un gars qui n’a plus lacé ses bottes depuis belle lurette.
Gildor : Qu’est-ce que tu faisais pendant tout ce temps-là?
Havoc : Je me suis trouvé une vraie job, dans l’entrepôt d’une quincaillerie. Faut bien payer les factures, n’est-ce pas? Après, ça m’a fait du bien de ne pas avoir de pression sur le dos, de ne parler à personne, de faire mes petites affaires tranquille.
Gildor : Je comprends, tu as fait le vide dans ta tête. Tu as juste pensé à toi durant ce lapse de temps-là. C’est bien.
Havoc : Ça a été thérapeutique, oui. On peut dire ça. Les gens vont probablement dénigrer ça, cet emploi que j’avais. Mais c’est ce qu’il me fallait, à ce moment de ma vie.
Gildor : Est-ce que tu as pardonné à Jack Sweeney d’avoir mis fin à ta carrière?
Havoc : Pardonner quoi? C’est le plus beau cadeau qu’il a pu me faire, de me faire sortir de l’enfer de la WWWF. Et puis Jack, j’ai pu voir de quoi il est fait au PPV. Encore en train de se chercher, encore et toujours. À changer de gimmick tous les mois, à s’essayer, tantôt à être un cinglé, tantôt à être le bon babyface sans peur et sans reproche. Je peux te le dire, car j’ai déjà joué dans ce film, mais Sweeney, il est malheureux, très malheureux. Il change de tag partner tout le temps, aucune stabilité. Il ne sait même pas qui il est. Cette inexorable quête n’est toujours pas terminée, et ne le sera vraisemblablement jamais à ce rythme.
Sabu : Jamais vu quelqu’un avoir aussi peur d’être seul. Chaque fois que ce jeunot a un peu d’attention, il s’accroche comme une sangsue au dos de son « ami ». Combien de fois ce gars-là peut se faire trahir avant d’acquérir un peu de l’instinct de survie, et d’arrêter de croire n’importe quoi provenant de n’importe qui? Chaque fois c’est un éternel recommencement pour lui. Il se trouve un partenaire, qui clairement, n’en a rien à foutre de lui. Puis ensuite, c’est un règne de champion par équipe qui dure 1 mois ou 2, sans plus. Qui se termine d’ailleurs suite à une trahison subie par Jack. C’est triste à voir, mais en même temps, mon sac à empathie est vide pour ce gars qui n’a rien appris en 3 ans ici. Comment un hall of famer peut se laisser embobiner encore et encore? Il faut être naïf, ou désespéré, pour tomber dans le plus vieux truc dans le livre. Il devrait plutôt être au hall of fame de l’insécurité.
Gildor : Wow! Et il n’est pas seul dans ce match…Fred London vous en pensez quoi?
*Sabu et Havoc restent à fixer Gildor un long instant, avec des points d’interrogation dans les yeux.*
Gildor : C’est le champion par équipe avec Jack Sweeney.
*Les deux hochent de la tête, se rappelant vaguement qui est cet individu.*
Havoc : Ouf ok merci de nous dire son nom. On ne savait pas que « lutteur générique #308 » s’appelait Fred London. Un autre être sans valeur ni saveur qui peuple cette fédération depuis les débuts. On n’a pas grand-chose à en dire, car il n’y a rien qui puisse nous inspirer dans ce triste personnage. Il est fade, fade, fade.
Sabu : Un simple gars, là, et c’est tout. Un lutteur qui se contente d’exister, de dicter des phrases creuses quand on lui met un micro dans le visage. Que peut-on en dire? Son palmarès montre bien qu’il pourrait y avoir de la chair autour de l’os, mais il n’en est rien. C’est le genre de mec qui va gagner 2 ou 3 titres et disparaitre. Pour un Sabu dans la WWWF, il y en a 10 de ces demeurés qui viennent ici pour la gloire, même s’il n’ont ni le charisme, ni la capacité d’y arriver. Remarque, moi je m’en fous comme de mon premier turban de ce minable. Moi et Jimmy allons faire ce qu’on a à faire et rien de plus. C’est-à-dire foutre le chaos. Combien de temps cela durera? Aucune idée. On ne s’est pas fait un plan quinquennal et on y va à la petite journée. Sera-t-on gelé comme des balles mercredi pour notre match de championnat? Si on a envie de fumer un joint avant, oui on le sera. On ne sera pas à road rage pour offrir un classique, détrompez-vous. On va cependant donner une expérience dont les gens se souviendront longtemps. C’était ça No Future, tout dans la présentation et pratiquement rien de valable dans le ring. Ça ne fera pas exception mercredi prochain. On ne change pas aussi facilement une recette gagnante. Qu’on gagne les titres ou pas, honnêtement, ça nous est égal.
Havoc : Ce qu’on peut dire par contre, c’est que si on gagne les titres, Shane va s’en mordre les doigts jusqu’au sang. Et ce sera bien fait pour sa gueule.
Gildor : Pouvez-vous extrapoler? C’est mystérieux ça.
Sabu : Non on peut pas. Va falloir que tu regardes road rage mercredi pour le savoir mon beau Gildor.
Gildor : Eh ben merci les gars. C’était bien divertissant mais c’était tout le temps qu’on avait.
Sabu : Ah? On s’en va déjà?
*Gildor démontre un peu d’agacement.*
Gildor : Oui les gars, mes prochains invités attendent…
Havoc : Bon ben si on ne veut plus de nous ici…
*Havoc tape sur l’épaule de Sabu et les deux quittent enfin l’appartement.*
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